mardi 30 décembre 2008

Leçon de franbanais - ou choses et d'autres entendues ou dites

"Fais toi voir!"... toi aussi va te faire voir.

"Hi! Kifak? Ca va?"... ai-je le choix de la langue?

"Un pepsi s'il vous plait" - "Avec un chalumeau?"... mmm, non, simplement un verre.

"yiii, comme tu as grossi"... euh, merci.

"Tu te payes de ma tête?"

"On quitte dans cinq minutes."

"Je rentre sous la douche."

"Je vais au salon de coiffure pour un coup de peigne."

"Joyeux Noël!"- "Pareillement"

"L'été, je monte estiver à Baabdate"... je veux juste signaler que le terme "estiver" signifie mettre les bêtes pendant l'été dans un pâturage... si, si...

"Tu conduis vitesse ou automatique?"

"Bienvenue à Beyrouth, la température extérieure est 28 centigrades"... et en Celsius?

lundi 29 décembre 2008

Il est cinq heures

Dimanche 28 Décembre
J'ai passé ma dernière soirée en famille comme à chaque veille de départ.
En rentrant, ma valise n'était toujours pas faite. "Pfff... fait chier."
Je la termine assez rapidement puis me glisse dans mon lit espérant trouver un peu de repos. Je me lèverai dans un peu plus d'une heure.
Je n'arrive pas à dormir.
Une voiture passe en bas de mon immeuble et klaxonne. A qui peut-il bien klaxonner à une heure pareille? Cela doit être un taxi.
Je ne dors toujours pas.
J'entends un avion passer au dessus de Beyrouth. MEA? Air France? Mig 29?
Putain... je ne dors toujours pas et je commence à m'ennuyer.
Des éclats de voix au bout de la rue. Des pas chez les voisins du dessus.
Mon réveil sonne enfin. Je ne sais même pas si j'ai réussi à dormir. Ma mère s'assure que je me suis bien réveillé. Mon avion est à 8 heures du mat. A cette heure-ci au moins, je suis encore mal réveillé donc moins en proie à l'émotion du départ. J'ai néanmoins la gorge un peu nouée.
J'embrasse mes parents et les serre fort. Le taxi est arrivé; ma mère descend avec moi sous le regard de mon père qui nous regarde du balcon.
Le taxi démarre aux premières lueurs du jour.
En certains quartiers, l'électricité est coupée et les rues sont plongées dans l'obscurité. Les arbres me paraissent bien taillés. Il y en a donc encore.
Il n'y a ni voiture qui klaxonne ou flic qui siffle intempestivement aux carrefours. L'air est frais et respirable. Pas le moindre bruit hormis le doux gazouillis des oiseaux qui se réveillent avec les premiers rayons du soleil.
Beyrouth dévoile enfin ses mille senteurs.
Saint-Louis, la Hekmeh, Sofil-Sursock, Saint-Nicolas, Charles Malek, Tabaris, le Ring, le Balad, Mar Elias, Msaytbeh, Dahyié... Je suis arrivé en moins de dix minutes.
Dix minutes de calme et de quiétude.
Il est cinq heures du mat et je pars pour Paris. Mais Beyrouth me surprend encore.

Last Day

Samedi 27 Décembre
Le départ approche, une fois de plus.
Comme tous les ans, au terme de mon séjour, je me réveille avec une petite boule au bide. C'est le dernier jour; le soleil est enfin revenu au-dessus de Beyrouth.
J'ai fait une liste des derniers achats à faire, pour moi ou mes amis. Il faut néanmoins toujours prévoir dans sa valise de la place pour les affaires que ma mère m'oblige à emporter.
Il faut profiter de chaque seconde et chaque minute; avec ma famille, mes parents, mes frangins ou neveux.
Et de Beyrouth aussi... malgré tous ses défauts, les incivilités et ses enrageants embouteillages.

samedi 27 décembre 2008

Just Walk

Je préfère me servir de mes pieds pour marcher plutôt qu'appuyer sur des pédales de voiture.
Les trottoirs de Beyrouth sont certes assez étroits ou parfois inexistants et, bien entendu, les larges trottoirs sont réservés aux 4x4.


Mais rien de mieux qu'un petit "mouchoir" (promenade) dans les rues de Beyrouth pour s'apercevoir de la menace qui pèse sur cette ville. On en ressort parfois plus énervé qu'oxygéné par ce que l'on voit.

Le Beyrouthin "homo automobilis" semble s'en taper, il ne regarde plus tellement sa ville. Il ne prend plus la peine de marcher pour la (re)découvrir. Les belles vieilles demeures disparaissent une à une sans qu'il ne s'en émeuve puisqu'elles ne sont sans doute pas sur son trajet.

La protection du patrimoine ou de l'environnement n'est pas une priorité. En ce moment, c'est plutôt les cadeaux de Noël ou les discussions politiques futiles... et puis après on verra ce qu'il en reste pour commencer à s'alarmer.


mercredi 24 décembre 2008

Joyeux Pareillement!

- Joyeux Noël!

- Pareillement!

Drôle d'expression. Il parait que cela se dit également en Belgique entre deux Duvels.

D'autres leçons de franbanais du moment suivront...

mardi 23 décembre 2008

Prison Break

Aujourd'hui, je ne sais pas quelle mouche nous a piqué... nous sommes allés à Byblos. On étouffe à Beyrouth pendant les fêtes.

Une heure après le départ - donc aux alentours du Forum de Beyrouth, environ 1 km à vol d'oiseau de chez moi - nous réalisions notre erreur.

L'excursion est vite devenue une expédition: embouteillage, pollution, camions sauvages, embouteillages, travaux, pluie, EMBOUTEILLAGES...

A l'arrivée, les éléments se sont déchainés sur nos gueules.

Beyrouth n'allait pas nous laisser fuir comme ça... la salope!

lundi 22 décembre 2008

vroum vroum

Bloqué dans les embouteillages pour faire à tout casser 500 mètres. Je cherche des raccourcis connus de tous.
Je décide de me faire justicier et de faire rebrousser chemin aux gros bras venant en sens interdit. N'ayant pas ma cape rouge, j'abandonne assez vite face à un Hummer.
J'ai l'impression de faire tous les jours le même trajet et de passer mes vacances en voiture.
Le centre-ville est bien joli mais terriblement vide, et les immeubles toujours autant inhabités. Il ne manque plus que Mickey et Donald.
Je passe dans le coin du musée Sursock et m'aperçois qu'il y a de gros travaux au pied de la belle bâtisse en pierre blanche qui ne semble plus accessible.
Un immeuble au style sans style germera sûrement à côté de celle-ci.
Une panneau de signalisation indique que je me trouve dans un "Quartier à caractère traditionnel"...
Mon cul oui.

Christmas Hits 1985 Compilation

Burn that fucking tape... et le charriot de Geryos taxi qui va avec.

dimanche 21 décembre 2008

On the other side

Vendredi dernier, j'étais à l'aéroport.


Les Libanais de la diaspora affluent de partout. Je suis dans le terminal d'arrivée; mais je suis cette fois de l'autre côté de la barrière, parmi la marée humaine.

On dirait que deux ou trois peuples différents se croisent, se jaugent et s'observent. On entend parler Arabe, Anglais et Français dans le terminal d'arrivée. Des familles entières viennent accueillir leurs proches de retour au pays.
Soudain, une coupure de courant. Toutefois, l'Aéroport International Rafik Hariri de Beyrouth est doté d'un super-générateur ultra-performant se déclenchant aussitôt que l'électricité de la "daoulé" (l'Etat) ultra-défaillante soit partie.
Les gens s'aggultinent à la barrière, bousculent sans s'excuser et fument au mépris de l'interdiction et d'un gendarme ravi de les imiter. Quel est l'exemple pour qui?
En attendant d'apercevoir leurs proches, les badauds commentent les styles vestimentaires et capilaires des passagers qui débarquent. "Choufé haidé" ou "choufi haida" (regarde-moi celui-ci ou celui-là).
Il y a toujours un concierge qui sommeille en nous.
Ah les voilà!
"Hamdellah 3a salemeh!"

samedi 20 décembre 2008

Observation n°1

Arrivée à l'A.I.B. 14h30 par Air France.

Boieng 777-340 archi plein et légèrement botoxé.

Aux douanes, je trouve toujours le moyen de choisir la file d'attente la plus lente.

J'observe la ligne jaune et ceux qui ne la respectent pas. Je suis dans la file des "étrangers". A la voir, on croirait que le Liban est devenue la destination à la mode des vacances de fin d'année, au même titre que des destinations paradisiaques de l'hémisphère sud.

Pourtant, les touristes sont Libanais.

Je sors et sens une cinquantaine de paire d'yeux me scruter de la tête au pied. Etrange sensation.

Malgré la marée humaine, je distingue rapidement mes parents venus me chercher.

Un bordel agréable en guise de bienvenue et sur le trottoir les premières odeurs.

Live from Beyrouth

Je suis au Liban depuis deux jours, après une année d'absence.

Aussi bizarre que cela puisse paraitre, je ne suis pas dans le souvenir mais dans le présent. Et j'observe; ce qui a changé, ce qui ne changera jamais.

Un des meilleurs endroits pour observer: mon balcon; je peux y passer des heures. Il y a près de vingt degrés de différence avec Paris et il n'est pas nécessaire de "couvrir sur sa poitrine..."

Dans les prochains jours, je posterai des impressions plus ou moins courtes plutôt que de longs récits. En effet, je suis tellement au coeur d'un certain chaos que je ne puis prendre suffisamment de recul.

Cela fait du bien, un peu d'air frais et une manouché le matin...