lundi 9 mars 2009

Baabda

Lorsque je suis de retour chez mes parents, je ne peux m'empêcher de farfouiller dans la bibliothèque ou dans les armoires poussiérieuses du débarras.


Ma dernière redécouverte fut une de ces vieilles cassettes "du siècle dernier". Une simple étiquette, portant l'écriture de ma Mère, mentionnait "Baabda".


J'en connaissais parfaitement le contenu pour l'avoir visionnée des dizaines de fois.


C'était une de ces cassettes que les Libanais se passaient "sous le manteau", d'une qualité médiocre car maintes fois enregistrées et réenregistrées.


Les clips musicaux et chansons patriotiques d'artistes libanais abusant du synthé en vogue dans les années 80 se suivent et se ressemblent. Ils sont à la gloire de l'Armée Libanaise et d'un seul homme.


On y trouve des reportages sur la jeunesse militante, pleine d'espoir et avide de paix; sur un rassemblement où les Libanais venus en famille camperont des semaines à portée de canons étrangers pointés sur la "colline de la liberté".


On y voit des parlementaires Français et Européens venus exprimer leur solidarité. Poètes, journalistes, avocats, médecins ou religieux se bousculent à la tribune pour haranguer la foule résistante.


La suite, nous la connaissons.


L'épilogue de cette aventure se joue peut-être aujourd'hui.


Mon Père observe mon manège en m'interpelle:


"Tu comptes descendre voter pour les législatives?"


A quoi bon me dis-je.


"Ce sont les élections de la dernière chance!"


Nous aimons beaucoup cet épithète au Liban. Dernière chance. Dernière guerre. Dernier rampart. Dernier homme. Dernier président. Dernières élections.


En 2005, je ne le savais pas encore, mais c'était la dernière fois que je visionnais "Baabda".