dimanche 25 décembre 2011

Arcadia


Ou serait-ce le Death Shadow...

mercredi 30 novembre 2011

Vu en vrac hors-saison

Du hublot de l'avion, l'île de Chypre avait toujours la même forme, celle d'un char d'assaut. Un nuage brunâtre enveloppait la ville à l'approche de la piste d'atterrissage, puis un beau ciel bleu au-dessus de la ville pendant ce séjour de quelques jours. Des militaires en arme et uniforme bleu, kaki, beige ou gris étaient à l'ombre d'oliviers plantés dans le parking de l'aéroport.

La vieille route de l'aéroport est toujours au milieu d'un Little Téhéran. Il y avait trop de voitures, de grues et de tours en construction; trop de drapeaux noirs et jaunes et des portraits d'hommes barbus sur des ponts à proximité du ring; plus assez de portraits de Samir Kassir sur les murs jaunes ocre de la ville. Le nouveau clocher en cours de construction de la cathédrale Saint-Georges veut rivaliser en hauteur avec le minaret de la mosquée voisine. Un vieil homme m'a tendu la main place Sassine pour l'aider à descendre quelques marches. Il ne m'a pas parlé, simplement regardé, tendu la main et nous nous étions compris.

En voyant la cour de récréation du Grand Lycée Franco-libanais, j'ai pensé que mes enfants pourraient y être scolarisés avec leurs cousins. Quel foutoir la sortie des écoles, mais quel sacré moment...

J'ai vu beaucoup de belles voitures, beaucoup d'épaves roulantes et de motocyclistes sans casques. Les feux de signalisation clignotent souvent à l'orange, les taxi-service ne sont plus forcément des vieilles Mercedes.
Beaucoup de femmes, les unes belles à la plastique naturelle, et les autres à la symétrie douteuse. Dans le lobby de l'Hôtel Phoenicia, des Golfiotes étaient accompagnés de prostitués. Peu de jeunes gens et beaucoup de personnes âgées. Au mariage auquel j'ai assisté, j'ai vu des femmes voilées et j'étais content de partager un repas avec elles. En rentrant ce cette fête, je remarquais qu'un nouveau parking avait remplacé une ancienne demeure de Tabaris. D'autres résistent encore, avec leurs persiennes vertes, bleues ou oranges.

Chaque matin, je remarquais que le nombre de pages de L'Orient-Le Jour diminuait; je ne vois plus la Revue du Liban dans les kiosques à journaux. J'en lisais toujours les blagues et les caricatures pas drôles de l'avant-dernière page. La énième tasse de Nescafé de Mam à moitié remplie refroidissait pour la énième fois. Pap est sur le balcon dans les nuages ou dans les nuages sur le balcon, je ne sais pas trop. Wardeh veut me faire petit-déjeûner, bruncher, déjeûner, souper et diner dès le réveil. Les téléviseurs sont constamment allumés, dans tous les foyers auxquels j'ai rendu visite.

Il y a toujours autant de Ferns à Achrafieh donnant ces goût et parfum de thym à la ville, mais le Fern Azar de la Rue Saint Louis a fermé boutique. Monsieur Azar, avec sa barbe grisonnante, ses images pieuses scotchées à sa caisse et son marcel, m'accueillait toujours avec un grand sourire et son français irréprochable.

J'ai vu que l'on portait des manteaux et des écharpes sans trop en comprendre la raison. J'ai vu que le temps passait trop vite quelle que soit la saison. J'ai vu une mer d'huile et une montagne en neige. J'ai vu le papier peint orange et la table design en formica de la cuisine chez ma grand-mère ; des bougies toujours à portée de main chez mon oncle et ma tante. J'ai vu mes neveux en espérant qu'ils ne m'oublient pas entre deux séjours.

J'ai vu un graffiti sur les berges du fleuve de la ville le jour de mon départ: Byerouth.

En partant de Roissy-CDG, dans le taxi me ramenant dans mon quartier de Paname, j'ai vu le cèdre bicentenaire adossé aux rails du RER B.


Et tout m'est revenu en vrac.

samedi 12 novembre 2011

Hors-saison

Sur le vieux continent, nous nous enfonçons dans l'automne. Les journées se refroidissent de jour en jour, les rues sont moins animées au gré de la couleur du ciel au dessus de la ville, et nous avons tous - amis, familles et inconnus - ressortis manteaux et écharpes aux couleurs sombres.


Je suis impatient et heureux de me rendre à Beyrouth dans quelques jours pour le mariage d'un couple d'amis proches. Je m'y rends donc "hors-saison"; de plus en plus. Cette expression est devenue presque courante au Liban ou au sein de la diaspora, traduisant une exception à la règle selon laquelle les Libanais doivent se déplacer en troupeau au même endroit, au même moment. J'aime les exceptions.


Cela fait maintenant plus de dix ans que Paris m'a adopté. Mais à chacun de mes déplacements, au Liban ou ailleurs, professionnels ou personnels, quels que soient la saison, l'heure ou le taxi qui m'emmène à Roissy-Charles de Gaulle, nous passerons devant un Cèdre du Liban presque bicentenaire, coincé entre l'autoroute A1 et les rails de la ligne B du RER. Comme un rappel.


Je me rends donc au Liban et j'appréhende. Comme à chaque fois. Serai-je en décalage? Rassuré de voir ce(ux) qui reste(nt) ou attristé par ce qui arrive ou pourrait arriver? Indigné ou résigné?


Je resterai quatre jours seulement. C'est trop court, mais suffisant pour prévoir une longue promenade, et voir.


A mon retour, dans le taxi qui me ramènera chez moi, je me demanderai encore, à l'instant où nous passerons devant le Cèdre, "Qu'as-tu vu?".

lundi 31 octobre 2011

Digression - I

Moi: "Sans foi, ni loi."
Elle: "Trop de foi, pas assez de lois."
Lui: "Trop de foi tue la loi."

samedi 22 octobre 2011

Mascotte

Je ne lis plus les journaux libanais.


Perte de temps. Enervement assuré. Subjectivité. Médiocrité.
Un jour au travail, lassé de mes lectures professionnelles inintéressantes, je m'accordais une pause de quelques minutes sur la toile.


Hormis grâce à mes appels téléphoniques passés à mes parents ou mon frère, je ne m'informais guère plus de la situation au pays. Aussi, décidais-je de consulter le site de L'Orient-Le Jour, sa section Vidéo.

J'en choisissais une qui soit suffisamment courte pour ne pas être interrompu (comprendre attrapé) par ma chef. Scène de la vie quotidienne à Beyrouth: un geyser à Achrafieh.

"Mais...mais... c'est ma rue!?"

Le reportage montrait qu'un tuyau aurait explosé et laissait fuir des trombes d'eau, inondant les balcons aux alentours, aspergeant voitures et passants depuis plusieurs jours déjà sans que la municipalité n'intervienne.

Consternant? Plus vraiment. Plutôt amusant.

Je cherchais mais ne trouvais pas mes parents dans ce reportage. J'imagine déjà Pap parler de ce problème à son ami, le moukhtar du quartier. J'apercevais le pompiste égyptien qui m'accueille avec un grand sourire à chacune de mes visites. L'enseigne de la pâtisserie Mascotte est toujours au-dessus d'un rideau de fer abaissé, signe que le commerce aurait finalement mis la clef sous la porte. Le vendeur de fruits et légumes est plus bas dans la rue mais semble protèger ses produits. Il a l'air de faire beau. On entend toujours autant les klaxons.

J'envoyais un message à ma mère: "Chou? Il parait que ce sont les chutes du Niagara rue Saint-Louis?".

J'étais content de revoir ma rue et mon quartier, malgré tous les désagréments causés par ce dégât aux habitants du quartier et que je déplorais bien entendu.

"Lorsque Bamako se donne des airs de Paris" pensais-je en consultant le prix du voyage pour Beyrouth, avant de me remettre au travail...