Chère classe politique de merde, de droite et de gauche, du
centre et des extrêmes,
Pour te dire la vérité, j’ai
attendu la fin d’un vieux policier « Peur sur la ville » avec mon
idole, Belmondo, avant de zapper sur les chaînes d’infos (de merde) pour
connaitre les résultats des élections régionales. Ce que tu avais à me dire ne
m’intéressait pas. Tu allais me resservir la même litanie que j’entends depuis
que j’ai voté pour la première fois en 2002.
Comme je le pensais, tes
représentants qui courent de plateaux télé en plateaux télé pour y faire de la
comm’ se sont montrés aussi pitoyables qu’à la séance des questions au
gouvernement après les attentats du Vendredi 13 Novembre. Aucune remise en
question. Du déni. Une sorte de cynique arrogance. Faut-il vous rappeler que dans l’expression « responsable
politique », il y a « responsable » ?
« Il faut entendre le message du peuple français ».
« Nous avons compris la souffrance des français ». « Il faut
sauver la République ».
Etes-vous bêtes ? Ou le faites-vous
exprès ? Est-ce que vous pourriez arrêter de nous prendre pour des cons ?
S’il vous plait.
Depuis bientôt 15 ans, vous nous
servez la même soupe et les mêmes pleurnicheries en nous prenant pour des idiots.
Pourtant ce ne sont pas les alertes qui ont manqué. Les deux principales
alertes qui auraient dû vous mobiliser ces dernières années sont celles du 21
avril 2002 et des émeutes dans les banlieues en 2005.
Gouverner, c’est prévoir. Or il
semblerait que vous soyez les seuls à ne pas avoir prévu que la France serait menacée
par deux fascismes, la confrontation desquels pourrait malheureusement bien
sceller son destin : le Front National et le salafisme.
En près de 15 ans – c’est-à-dire
une période suffisamment longue pour mettre en place des réformes institutionnelles,
économiques, éducatives, sociales, urbaines, fiscales et sécuritaires – rien
n’a été fait pour endiguer et contrer ces deux menaces.
Les institutions ? Nous
sommes passés du septennat au quinquennat. Vous êtes donc constamment en
campagne, si bien que nous sommes obligés de nous taper vos tronches encore
plus régulièrement lors de soirées électorales où l’abstention bat des records.
Les 35 heures ? Quelle brillante idée ! Dire au peuple de se branler
la nouille alors que la Chine et l’Inde sont en train de se réveiller. Le
chômage ? Il est devenu une courbe,
une statistique pour cacher la réalité misérable des gens qui en chient. La
croissance ? Elle est passée par ici, elle repassera par là. L’Europe ?
Un « machin » composé de connards de technocrates grassement payés
qui n’arrivent pas à se mettre d’accord et qui de toutes manières ne croient
pas en ce projet. Les banlieues ? Un petit coup de peinture par-ci, par-là
sur une barre d’HLM en attendant le prochain cri à l’aide. L’ascenseur social
et l’école ? En panne. Les élites se reproduisent entre elles, se cooptent
entre elles, se décorent comme on accordait jadis une particule. La méritocratie ?
Elle crève à petit feu. La laïcité ? Trainée dans la boue au profit de
communautarismes et galvaudée par ceux-là même qui réclament sa paternité. La
citoyenneté, l’intégration et l’identité ? En crise, à tel point que
devenir djihadiste est devenu une alternative pour notre jeunesse. La
diplomatie et la politique étrangère? Aucune vision et des alliances
douteuses avec des pays peu fréquentables, en contrepartie d’un investissement
ici ou là. La politique de manière générale ? Remplacée par de la
communication. Vous « tweetez », « instagramez »,
« likez » au lieu de gouverner, de siéger ou d’aller sur le terrain. Nos
impôts ? Ils vont à présent servir à bombarder la Syrie.
La liste est encore longue.
Quinze ans. Quinze ans pour
empêcher un vote contestataire de devenir un vote d’adhésion. Quinze ans qui
ont fait pssshit.
Les médias ? A vous la
palme. Menteurs et complices, qui déformez plus que n’informez, qui stigmatisez
et traitez d’infos capitales en quelques minutes entre deux pubs en
copiant-collant des dépêches AFP. La politique est devenue spectacle. L’information
est devenue un sondage. Oui ? Non ? Plutôt oui ? Plutôt
non ? Sans opinion ? Pauv’ cons.
A croire que les instituts de sondage vont remplacer les institutions. Les
médias, qui font de chaque élection locale ou régionale un enjeu national pour
des considérations d’audimat, parce que la peur fait vendre des encarts
publicitaires ou des feuilles de choux, sans expliquer quelles sont les
compétences respectives d’une région, d’un département ou d’un canton. Je vous
méprise.
Je vous méprise parce que vous
jouez sur les peurs. Parce que vous relayez des propos irresponsables lorsque
ce ne sont pas du bla-bla-bla, du bruit de fond ou des phrases toutes faites.
Parce que vous avez fait ça pendant quinze et je crains que vous ne soyez pas
prêts de vous arrêter. Jouer sur les peurs en ces temps tourmentés où les
Français se cherchent et doutent, où il aura fallu que ce soit le monde qui lui
rappelle qu’il était encore le grand peuple d’un grand pays.
Alors il va se passer quoi
maintenant, chère classe politique de merde, qui gouverne et qui s’oppose ?
On repart pour quinze ans à ne rien faire, à aller de campagnes électorales en
campagnes électorales en se lamentant
avec des larmes de crocodiles ? De deuils en deuils, à observer le FN et
le salafisme monter inexorablement avec ici ou là quelques attentats pour agrémenter
le tout.
Ou bien on se sort les doigts du
cul et on essaye de sauver ce qui peut encore être sauvé avant qu’il ne soit
trop tard ?
L’heure est grave et s’il faut se
fier à vos beaux discours et à votre réaction après le 21 avril 2002 ou les
émeutes de 2005, je crains que nous ayons quelque souci à nous faire.
Alors s’il vous plait,
répondez-moi : êtes-vous encore plus cons qu’on ne le pense ou bien le
faites-vous vraiment exprès ?
Je crains votre réponse.
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