lundi 18 janvier 2016

Indigestion


 
Trop de pauvres. Trop de misère. Trop de mendiants. Trop de gens ne mangeant plus à leur faim. Trop de gens qui conduisent bourrés. Trop de jeunes qui crèvent sur les routes. Trop de fêtes sur un volcan. Pas assez de tunes. Trop de gens qui balancent leur merde par leur fenêtre de voiture. Trop de poubelles. Trop de poubelles roulantes. Trop de voitures à crédit. Plus d’arbres en ville. Moins d’arbres à la montagne.  Moins de cèdres. Peu de touristes. De plus en plus de « citoyens grognons ». De moins en moins de citoyens. Trop de béton. Trop de tours. Trop de centres commerciaux. Trop de projets immobiliers. Moins de maisons à arcade et tuiles rouges. Moins de jaune ocre. Trop d’immeubles de luxe. Trop cher d’habiter Beyrouth. Trop de temps de trajet en voiture. Trop de grosses voitures. Pas de parkings. Pas d’argent en banque. Trop de liquide dans mon portefeuille. Scolarité trop chère. Université trop chère. Pas de boulot. Trop de pistons. Pas de pistons. Peu de mérite. Peu de cervelle. Trop de fuite des cerveaux. Trop de discussions politiques. Pas de discussions politiques. Trop de jeunes dehors depuis trop longtemps. Trop de jeunes qui continuent de partir. Trop de filles et fils à l’étranger. Trop de parents qui attendent leur retour. Trop d'enfants qui émigreront. Trop de wéjbèt. Trop de cons. Trop de connes. Trop de cons trop cons. Trop de nanas au volant qui parlent au téléphone. Trop de nanas qui draguent plus vieux qu’elles. Pas de sexe (officiellement). Trop de frustrations. Trop de meufs pour peu de mecs. Trop de lifting et botox. Trop de concours de beauté. Trop de « miss » machin et « mister » truc. Pas d’entrée sans réservation. Beaucoup de paraître. Trop de regards. Trop de « Mais que diront les voisins ». Trop de voitures. Trop de « valet parking ». Trop de barbes. Trop de DAESH, de DAECH, ou d'EI. Trop de voiles. Trop de grosses croix. Trop d’intolérance. Trop de militaires. Trop de barrages. Trop d’armes. Trop de tirs de joie. Trop de kaki, de gris ou de noir. Trop de militaires morts pour nous. Trop d'otages. Trop de routes. Trop de klaxons. Trop de pneus qui crissent. Trop de sirènes hurlantes inutiles. Peu de feux de signalisation. Beaucoup de contresens. Trop de sens interdits pris en sens interdits. Essence trop chère. Pas de trottoir. Pas de lumière la nuit. Pas de transports publics. Pas prendre le bus. Pas de bus de toute façon. Beaucoup de montagnes et de neige mais pas d’eau. Pas d’électricité. Trop de générateurs. Pas de dawlé. Pas assez d’ampères. Trop de « missed call ». Trop d’IPad, d’IPod ou d’ail. Pas d’ascenseur. Trop d’enfants laissés aux gouvernantes. Trop de racisme. Trop de lois inappliquées. Pas de droits. Pas de devoirs. Trop de passe-droit. Peu de savoir-vivre. Moins de vivre ensemble. Trop de pollution dans l’air. Trop de merde dans la mer. Trop de merde dans les yeux. Trop de merde tout court. Trop de plastique partout. Trop de poubelle qui brûle sur le bord des routes. Trop de poubelles. Trop de poubelles. Trop de POUBELLES. Trop d’autres priorités. Trop d'immobilisme. Trop chaud en été pour marcher. Trop loin pour y aller à pied. Trop de vieux qui trébuchent sur les trottoirs. Pas de retraite. Trop de médecins. Pas de sécurité sociale. Pas d’assurance maladie. Trop d’anxiolytiques. Médicaments trop chers. Trop de feux d’artifices à la Saint glinglin. Trop de bruit pour rien. Trop de regards quand tu rentres dans un restau. Restaus trop chers. Trop de restaus très design mais dégueus. Trop d’intoxications. Trop de scandales alimentaires. Pas de « precept ». Trop d’huile d’olive. Trop de bouffe. Trop de discussions sur la bouffe. Trop d’entre nous à l’étranger. Trop de travailleurs Syriens. Trop de réfugiés Syriens. Trop de mendiants Syriens. Trop de Palestiniens. Trop de Saoudiens. Pas de Saoudiens. Trop de Qataris. Pas de Qataris. Trop de chômeurs. Trop de réfugiés qui en chient. Trop de terroristes. Trop de terrorisme intellectuel. Trop de fantômes du passé. L’avenir est encore trop loin. La guerre toujours proche, au nord, à l’est, au sud, dans le ciel. Billet d’avion trop cher. Trop de petites guerres. Séjour trop court pour faire une escale. Billet trop cher pour un vol direct. Trop de monde à l’aéroport. Trop d’expatriés seulement de passage. Trop de « tu ne peux pas comprendre, tu ne vis pas ici ». Trop de bouchons en ville. De plus en plus d’émigrés qui ne veulent plus revenir. Trop de monde au contrôle passeport. Trop de douaniers qui te parlent mal. Trop d’informations à donner sur la petite fiche rose. Pas d’autre nationalité. Bien choisir sa file d’attente. Trop de regards à l’aéroport après le dernier contrôle. Moins de gens qui lisent. Trop de télé. Trop de pubs. Trop de talk-shows débiles. Trop d’hommes politiques à la télé. Trop d’écrans. Trop d’écran de fumée. Trop de fumée de clope. Trop de cigares. Trop de théorie du complot. Trop de politique. Trop de politiciens. Trop de politiciens. Trop de politiciens. Trop de ces enculés qui nous ont vendus. Pas de stabilité. Peu de sécurité. Pas de paix en vue. Peu de république. Trop de républiques. Pas de Président de la république. Trop de Libans.  Pas de Liban. Trop petit pour être redessiné. Trop grand pour être avalé. Trop de députés. Trop de fils de députés. Trop de « fils de » ou « filles de ». Trop de fils de putes. Trop de petits fonctionnaires corrumpus ou corruptibles. Trop de gens prêts à corrompre. Beaucoup de liberté de presse. Pas de presse libre. Assez de liberté d’expression ? Trop d’huile (d’olive) sur le feu. Trop de flashs inutiles. Trop de communautés. Pas de communauté nationale. Trop de communautarisme. Moins de coexistence. Moins de dialogue. Trop de gamins avec des smartphones. Trop de facebook. Trop de réseaux sociaux. Trop de haine sur les réseaux sociaux. Trop de bêtise qui pense. Trop de violence. Trop de peur. Trop de jeux sur la peur. Trop de fractures. Trop de factures. Trop de partis politiques. Trop d’anti-truc ou pro-machin. Trop d’intérêts personnels. Trop de clientélisme. Trop de traîtres. Trop de faux sauveurs. Trop de fossoyeurs. Pas d’élections. Trop de foutage de gueule. Pas de mémoire. Trop de mémoire courte. Trop de nostalgie. Plus de bon sens. Plus de cohérence. Trop de gens partis. Peu qui reviendront. Trop, peu ou plus d’espoir. Encore de l’espérance. Trop de fierté mal placée. Trop de donneurs de leçons. Trop d’arrogance. Beaucoup de nostalgie. Trop de gâchis. Trop d’amour.

Trop c’est trop.

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