mercredi 21 mai 2008

Ici Londres... les carottes sont cuites... je répète... les carottes sont cuites...

Ecrit le 14 Mai 2008.

- « Tu es du 14 Mars ou du 8 Mars ? »

- JE T’EMMERDE CONNARD !

Les jours et les nuits blanches passent. Je fais, refais, défais le Liban, son passé et son avenir jusqu’au petit matin.

Je cherche à m’en tenir aux conséquences à court ou moyen terme de ces derniers évènements. A leurs conséquences sur le Liban, uni et indivisible, libre, souverain et indépendant du « Lundi 14 Mars 2005 ».

Le méchant, c’est toujours celui d’en face ; et celui au milieu, on y a pensé ? Libanais étranger à toutes ses querelles de pouvoir va une fois de plus se retrouver au milieu de tout cela… à moins qu’il ne décide de mettre les voiles à jamais.

Je suis en colère et je n’ai même plus la force de prier. Prier pour qui ? Pour quoi ? Pour quelle idée du Liban ? Si demain le calme y revient ainsi qu’un semblant de paix, il reste qu’il y aura comme un arrière-goût pourri à tout cela. Les vieux démons du passé ont déjà ressurgi. Les lignes de fractures se sont déjà formées. On parle de crise politique en en dessinant des contours strictement communautaires. Cherchez l’erreur.

Je suis en colère parce que certains tolèrent et feignent de ne pas voir ce qui se passe. Jadis cernés par Israël, et la Syrie, nous voilà même menacés par nos propres frères. Les portraits d’un certain dictateur Syrien zozotant sont de retour à Beyrouth. Ni Est, ni Ouest, mais Beyrouth que je ne veux pas diviser ; je refuse la ligne verte.

On brûle des médias, et certains ne s’insurgent pas simplement parce qu’il s’agit du camp adverse. Cautionnent-ils ce qui fut fait à la MTV ? Cautionnent-ils ne serait-ce qu’une seule chose de ce qui s’est déroulé ? Tout ? Pas tout ? Ah bon… je ne savais pas qu’il y avait un menu et que l’on pouvait choisir son « forfait ».

Propagande et contre-propagande… les maîtres mots dans cette guerre civile froide, cette guerre subversive, sous-traitée à de probables traîtres.Je ne veux plus croire personne, je ne sais plus en qui croire.

Débranchez la télé et les « akhbar » et réfléchissez un peu.

Le temps des miliciens et des cow-boys encagoulés est de retour : RPG, Kalach, M16, drapeaux jaunes ou verts ou noirs fascisants. « Ils n’oseront pas retourner leurs armes contre les Libanais » disait-on… Et aujourd’hui, on se confond encore en excuses et prétextes pour justifier qu’ils l’aient fait : « Ils n’avaient qu’à pas nous chercher ».Une armée qui ne tire pas et ne s’opposera pas à l’assaut des illogiques car elle pense jouir pour l’éternité d’une aura populaire.Blocus du Port et de l’aéroport, des principaux axes. Tous les ingrédients du "parfait petit coup d'état étaient réunis", n'en déplaisent à certains.

Je suis en colère parce que beaucoup de martyrs se retournent dans leurs tombes. Je ne parle pas seulement des Martyrs tombés récemment, mais plutôt des Anonymes. Ceux tombés un 13 Octobre 1990 par exemple, parce qu’ils ont cru en un homme et en une certaine idée du Liban.

Israël, Syrie, Hezbollah : même combat. Celui d’un travail de sape savamment et habilement orchestré (bravo!). Un travail qui aura brisé l’élan et les espoirs de ma génération. Parce que nous n’étions pas suffisamment forts pour affronter l’Histoire, parce que nous avons (re)suivi les mêmes hommes obnubilés par l’intérêt de leur petite personne, parce que nous avons été naïfs.

Parce que nous ne sommes pas seulement un peuple de moutons, mais également d’autruches.

Je ne défends personne, je ne cautionne personne et je n'excuse personne.

Je vais me coucher. Le soleil vient de se lever.

JP A.

2 commentaires:

french.lawyer.in.india a dit…

Super mon grand...
Une super bonne idée que tu as là d'écrire sur le Liban...
Je le consulterai avec d'autant plus de plaisir quand je serai en Inde !
Je t'appelle dans la semaine !
Gros bisous.

'Tsuki a dit…

Un très beau texte, très poignant, qui m'interpelle, parce qu'il émet des vérités devenues universelles, sur la manipulation médiatique...

Ne renoncez pas à l'écriture !

Merci pour le partage.